L’équipage Oreille s’impose sur Porsche 911 en remportant la 22e édition du Tour de Corse Historique et pour le panache décroche le temps scratch de la dernière spéciale du rallye.
Partis de Porto-Vecchio mardi 4 octobre, les participants au 22e Tour de France sont revenus samedi dans la ville portuaire après avoir parcouru un parcours de 1028 km renouvelé à 60%, dont une épreuve chronométrée de 382 km répartie sur 19 spéciales. Comme pour les précédentes, l’édition 2022 a été à la hauteur des attentes et l’un des rallyes historiques les plus longs et les plus techniques de la planète, en imposant durement aux mécaniques et équipages. Cette formule a largement contribué à son succès auprès de ses concurrents et à son engouement grandissant au fil des années au point d’enchaîner les records d’engagement. La liste des inscrits est passée de 350 en 2021 à 380 en 2022, représentant 12 pays, obligeant l’organisation à faire un choix difficile parmi les 530 demandes d’inscription reçues cette année.
Comme en 2020, le duo Alain et Sylvie Oreille s’est imposé jour après jour. Epargnant autant que possible la mécanique de la Porsche 911 Carrera RS préparée par l’équipe Joffroy, il a également réussi à rester en tête du peloton sans prendre de risques. Les concurrent lui ont ensuite laissé la route libre, se retirant de la partie pour cause de problèmes mécaniques ou de sortie de route au fur et à mesure que les spéciales se déroulaient. « Nous avons été pénalisés en début de rallye pour avoir choisi des pneus trop larges, expliquait le vainqueur. Après avoir arrangé les choses, nous étions de retour au classement. Nous avons eu une grosse bagarre avec Florent Jean (Porsche 911) et Anthony Agostini (Ford Escort MK1). Mais les deux sont sortis. Puis nous avons géré. C’est ce qu’on appelle l’expérience ! Ce Tour de Corse Historique est fantastique. C’est un très beau rallye, à l’image des spéciales de 30 km que l’on pratiquait à l’époque. Je n’ai fait qu’un seul rallye cette année et c’est celui-là ! ».
Le second de la course, l’équipage Jean-Baptiste Botti/Yoann Raffaelli (Porsche 911), a également eu un grand sourire sur le podium. Jean-Baptiste Botti est un multi-champion du monde de jet ski et un pilote talentueux. Déjà troisième du VHC l’an dernier, le jeune Porto-Vecchiais a monté cette année la deuxième marche du podium pour sa troisième participation : « Nous avons eu des soucis mécaniques lors des deuxième et troisième jours. Heureusement, l’équipe Caruso a réussi à réparer cela, nous permettant d’être bien dans la compétition dans la seconde moitié de la course et décrocher un très bon résultat. »
Argenti/Tyran s’imposent dans la catégorie J2
La catégorie J2, ouverte aux modèles plus récents, a vu le duel entre les insulaires Tomas Argenti/Mathieu Tyran et Christophe Casanova/Stéphane Delleaux, tous sur BMW M3, qui malheureusement a tourné court. Le triple vainqueur de la catégorie en 2019, 2020 et 2021, a tenté de gommer son écart de 1’24 sur Argenti/Tyran mais a subi une rupture de cardan dès la première Spéciale de la journée. Il ne restait plus qu’au duo Argenti/Tyran d’arriver sans encombre pour s’assurer d’une victoire définitive dans la catégorie J2 pour sa 2e participation au Tour de Corse Historique. « Nous sommes évidemment très heureux. Au début de l’épreuve, nous n’avons pas été à l’abri d’ennuis mécaniques sur notre M3 BMW (ex Pascal Trojani), qui était entièrement dans sa configuration d’époque (1995) et n’avait pas roulé depuis 2001. Nous avons géré la course aussi intelligemment que possible afin de rester en contact des concurrents et d’attaquer le cas échéant. Ce rallye a été unique en son genre et ce que nous avons vécu nous laissera des souvenirs extraordinaires ! » a déclaré le jeune vainqueur.
Parmi les belles histoires de ce Tour de Corse Historique, mention spéciale pour l’équipe père-fille Bernardini qui a terminé troisième de la J2. Deux fois champions de France des rallyes en 1994 et 1995, ainsi que de Monte-Carlo en 1996, Patrick Bernardini n’est plus sorti de sa retraite de pilote professionnel depuis 2010 depuis pour une brève apparition sur le Tour de Corse Historique. « Ma fille Carla me demande depuis cinq ans à participer ensemble à ce rallye. Le jour de mon 60e anniversaire, nous avons décidé de nous inscrire. C’était sa première course. Elle a su faire des ajustements dans les annonces de notes tout au long des spéciales. Moi aussi, j’ai dû retrouver mes repères. Tout s’est magnifiquement passé ! » Le pilote d’Ajaccio s’est dit particulièrement heureux de l’expérience qu’il a partagée avec sa fille Carla, qui sera certainement appeler à se renouveler l’année prochaine.
Autre anecdote révélant l’esprit d’entraide et de partage qui a prévalu tout au long de l’épreuve, l’équipe André Giusti/Frank Pascalini l’a vécu avec leur Alpine A110. Victimes d’un croisillon de boîte de vitesses cassé et sans pièces de rechange, leur salut est dû à la générosité de la figure du sport automobile corse, Jean-Pierre Manzagol. Il est le recordman du monde du nombre de départs (29 fois) dans un même rallye en WRC, au volant d’une Renault R8 Gordini, Alpine A1100 et A310, R5 GT Turbo, Clio Williams et même une Peugeot 306 Maxi. Manzagol, voyant son compatriote contraint à l’abandon, lui propose de démonter sa berlinette personnelle pour l’aider à dépanner la partie défectueuse et lui permettre de finir à Porto-Vecchio. André Giusti n’a pas manqué de saluer ce geste sur le podium.
En VHRS (Véhicules Historiques de Régularité Sportive), l’équipage Emmanuel Saussereau/Stéphane Poulard (Fiat 124 Abarth) remporte le classement général final et le classement de la Moyenne Modérée. Le duo Etienne Baugnee/Vincent Duchesne (Ford Escort MK1 RS2000) a obtenu une Moyenne Haute, Dominique Larroque/Patrick Monassier (Ford Escort RS2000) une Moyenne Intermédiaire et Alain Arnal/Denis Goudou (Morris Cooper S) une Moyenne Basse. A signaler, la « Team Espoir contre le cancer » menée par Bruno Saby/Pascal Serre (VW Golf GTI) est vainqueur au classement VHRS par équipe.
Au-delà des résultats sportifs, cette 22e édition, marquée par un record d’engagements, tient toutes ses promesses en termes d’organisation. La performance à l’arrivée de la compétition a été largement saluée par tous les participants.
André Tirlet